C’est un fait, les pays développés ont besoin d’énergie pour fonctionner. De beaucoup d’énergie. En effet, sans énergie, aucune activité économique n’est possible : plus de transport, plus d’électricité pour les ordinateurs, plus d’usines en état de fonctionner, plus d’accès aux ressources vitales, plus de possibilité de virer les salaires sans télécommunications. Le chaos social s’installerait automatiquement.
Retour sur l’histoire des choix énergétiques de la France
Avant l’ère industrielle, l’homme a basé son développement sur les énergies renouvelables (bois, eau, vent, soleil etc.). Puis nous avons découvert les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), plus faciles à utiliser et peu conteuses (au début!). Le développement des pays du Nord s’est largement appuyé sur cette nouvelle forme d’énergie. Mais la France ne dispose pas d’énergies fossiles sur son territoire et développait de ce fait son économie sur une énergie qu’elle ne maitrisait pas. Pour De Gaulle, cela représentait un risque inacceptable car la France était alors à la merci de tout événement qui aurait pu contraindre son approvisionnement en énergie (guerre, raréfaction, crise géopolitique ou naturelle).
En recherche d’indépendance énergétique, le gouvernement fait alors le choix du nucléaire et les premiers réacteurs voient le jour dans les années 50. Le nucléaire présentait alors deux avantages : il sécurise l’économie française et permet l’accès à une électricité beaucoup mois chère et moins émettrice de gaz à effet de serre que dans la plus part des autres pays.
La politique énergétique française d’après-guerre sera suivie par les différentes présidences de la Vième république et le lobby nucléaire visant à encourager le développement de l’industrie nucléaire s’est considérablement renforcé. Aujourd’hui, près de 35% de l’énergie primaire consommée en France provient de nos centrales nucléaires.
La crise nucléaire : un élément nouveau dans la donne politique
La catastrophe nucléaire terrifiante que la planète vit aujourd’hui au Japon nous force, (citoyens, politiques, associations et entreprises) à prendre conscience des dangers du nucléaire : Une centrale nucléaire est comme une mine antipersonnelle géante que l’on pose chez soi. Quoi que le lobby nucléaire nous dise, on se rend compte aujourd’hui qu’il est possible qu’elle explose si un événement déclencheur suffisant arrive : un séisme majeur, un tsunami, mais aussi une attaque terroriste, inondations, erreurs humaines ?
Le nucléaire atteindrait-il ses limites plus tôt qu’on ne l’avait imaginé ? Jusqu’à présent, on pensait qu’on serait limité par les ressources naturelles en uranium (ou équivalent) et non par la prise de conscience du danger représenté par une centrale nucléaire.
La question qu’il faut alors se poser est : quelle alternative pour notre pays ?
- Le pétrole ? La crise libyenne et plus globalement des pays arabes a fait considérablement monter le prix du baril de pétrole, preuve que la solution n’est pas là. Le risque géopolitique et financier est trop élevé pour la France.
- Le gaz de Schiste ? On en parle de plus en plus depuis que Nicolas Sarkozy a autorisé des explorations en France. Les retours d’expérience des États-Unis montrent qu’il s’agit d’une technique très destructrice de l’environnement. Que va-t-on encore faire subir à notre planète ?
- Le nucléaire ? On l’a compris, cette énergie présente un danger immense pour l’homme et la nature.
- Les énergies renouvelables ? Elles sont propres et inépuisables. Toutefois, arrivera-t-on à produire suffisamment d’énergie avec le soleil, l’eau, le vent, le bois pour notre société de consommation ? Arrivera-t-on à le faire à un coût raisonnable qui ne nous mette pas hors-jeu vis-à-vis de la concurrence mondiale ?
La question est complexe. Aucune solution ne semble parfaite. Sauf… de réduire nos besoins énergétiques !
L’indépendance énergétique par la réduction des besoins
S’il n’existe pas encore de source d’énergie parfaite pour la France, il est possible de parvenir à l’indépendance énergétique en réduisant notre consommation. Et il est possible aujourd’hui de le faire sans altérer notre confort ni changer outre mesure nos habitudes.
La parabole de la maison individuelle
A titre d’exemple, prenons le cas d’une maison individuelle où la réflexion se pose de la même manière pour le propriétaire :
- On peut choisir d’avoir une maison très consommatrice d’énergie et hésiter sur la manière de la chauffer : dois-je choisir le fioul qui atteint des sommets, dois-je choisir le gaz qui a plus que doublé ces dernières années et qui est corrélé au prix du pétrole, dois-je choisir l’électricité qui est très chère et dont le prix va encore monter, dois-je choisir une pompe à chaleur ou du solaire qui sont plus chers à l’investissement et qui ne fonctionnent pas de manière optimale par températures très froides ou s’il n’y a pas de soleil ?
- On peut aussi choisir de réduire considérablement les besoins énergétiques de sa maison en l’isolant, en la calfeutrant et en installant des équipements de ventilation très performants. A partir du moment où la maison ne consomme presque plus rien, le débat sur la bonne source d’énergie n’a plus lieu d’être ! Quelque soit la source d’énergie, on est insensible aux évolutions du prix car elles représentent un très petit montant en valeur absolue dans le budget du ménage. De même, en cas de perte subite de revenus, on peut quand même chauffer et vivre confortablement : c’est sécurisant. Le propriétaire est alors indépendant énergétiquement. Pour aller encore plus loin, le propriétaire peut choisir de produire localement de l’électricité verte par panneaux solaires photovoltaïques et sa maison sera ainsi devenue une mini-centrale d’énergie propre, autonome et source de revenus.
J’encouragerai de toute mon énergie les initiatives allant dans le sens de l’indépendance énergétique par la sobriété énergétique car je crois qu’elle est l’issue de secours pour notre société, et ce, qu’elle se fasse à l’échelle internationale, nationale, locale, ou individuelle. C’est aussi ça la beauté de cette stratégie : à l’instar du web 2.0 ou l’internaute est acteur, l’indépendance énergétique 2.0 de la France nous rend tous acteurs à notre échelle.
Dimitri Molle est un co-fondateur du bureau d’études thermiques Sénova, spécialiste de l’énergie dans l’habitat et ingénieur diplômé de l’École Centrale Paris.
Entièrement en accord avec votre façon de penser. Il faut avant toute évolution de son mode de chauffage, penser à isoler sa maison ou son appartement. Mettre une pompe à chaleur qui coûte entre 12000 € et 15000 € est un non sens. J’ai étudié une maison de 300 m2, chauffée au fuel. Le propriétaire a fait installer une pompe à chaleur en 2009.
La différence entre son fuel d’une part et le fuel + l’électricité consommée pour la pompe lui fait gagner 300 € par an. 50 ans pour l’amortir.
Oui, il est possible de diviser par 4 consommations d’énergie et émissions de C02 des maisons individuelles.
Voir l’expérience alsacienne des 50 chantiers pionniers: https://www.energivie.fr/fr/actualites/50chantierspionniers.html